TITRE : Le masque brisé 02
AUTEUR : le mouffon
GENRE : Déprime absolue
BASE : i’ll mais UA
CRITIQUE : comme d’hab : mouffon@hotmail.com
LE MASQUE BRISE 02
Résumé 01 : Pendant un camp d’entraînement, l’équipe de Kouzu découvre que leur « point-guard » cache bien des secrets…
La nuit était à nouveau tombée sur l’hôtel qui abritait les joueurs de basket de la nouvelle saison… Comme la nuit précédente Hitonari se réveilla en sueur… Les mains moites… L’angoisse lui nouant les entrailles et la panique lui interdisant de penser posément….
Il lui fallut un long moment avant de se souvenir qu’il n’était plus enfermé, qu’il n’y avait personne qui allait lui sauter dessus pour le frapper encore et encore jusqu’à ce qu’il soit incapable de bouger ne serait-ce qu’un cil…
Le blond sentit les larmes envahir ses yeux et essaya tant bien que mal de les retenir ne voulant pas une fois de plus réveiller son équipier à cause de ses cauchemars… Mais là c’était râpé pour cette nuit… Une main s’abattit sur son épaule le faisant brutalement sursauter…
-T’as encore fait un cauchemar ?
-…
- Tu pouvais pas me réveiller plutôt que de rester dans ton coin ?
-Dé… Désolé.
Le brun s’était assis en face de lui et sa main vint caresser la joue qu’il trouva mouillée.
-Tu pleures… Murmura-t-il.
Le blond recula brusquement et se détourna. Essuyant brutalement les larmes qui avaient coulé malgré lui.
Il s’apprêtait à se recoucher lorsqu’il constata un fait qui le stupéfiât de terreur et de honte… Les larmes qu’il venait d’essuyer reprirent de plus belles… Et la honte le paralysa…
-Qu’est-ce qu’y a encore ? Demanda le brun en s’approchant.
Posant sa main sur le futon il constata que celui-ci était mouillé… Il lui fallut un moment avant de réaliser le pourquoi du comment…
-Mais…
De grosses larmes dévalaient le long des joues du blond qui était dès lors incapable de les arrêter, paralysé qu’il était par la honte et le dégoût de lui-même…
-Mais… Reste pas là-dedans va te doucher… S’exclama le brun.
Incapable de bouger, il restait là… Pétrifié de honte… Tachibana l’attrapa à nouveau et le secoua…
-Mais va prendre une douche… Ton futon est trempé… T’as…
Le brun venait de mettre le doigt dessus…
Le blond était effaré…
-Ah.
Silence du brun et larmes du blond.
-Mais enfin qu’est-ce qui t’arrive ? …
Tachibana le prit doucement par le bras et le tira jusqu’à la salle de bain… Sous la lumière crue, le blond n’en menait vraiment pas large, il se sentit terriblement humilié… Le brun fit couler l’eau et se tourna vers son équipier qui se tenait les mains croisées devant lui et fixait le sol…
-Bon je te laisse…
Hochement de tête d’Hiiragi qui fut incapable d’émettre le moindre son… Le brun le laissa seul… Les larmes du blond semblaient ne jamais vouloir s’arrêter… Il prit rapidement sa douche… Lorsqu’il sortit, il trouva un pyjama propre et un boxer… Le brun lui avait apporté des vêtements et avait mis les autres à laver…
En entrant dans leur chambre, il constata que son futon avait été placé sur la fenêtre et que Tachibana avait été en chercher un autre… La lumière était éteinte, et Hiiragi fut moins gêné de regagner son futon en évitant le regard de son équipier…
C’était horriblement humiliant… Il n’était plus un enfant… Et là, il venait de se mettre plus bas que terre devant celui qu’il considérait comme étant la personne la plus importante pour lui… Il se dit qu’il n’arriverait plus jamais à le regarder en face sans se sentir mal…
Il se glissa dans son futon et se recroquevilla sous sa couverture… Cachant les larmes qui menaçaient à nouveau de déborder…
-T’es une vraie digue après un cyclone !
Le blond sursauta… Un corps vint se coller contre lui et l’entoura de ses bras…
-Y’a pas de honte à avoir… Ca arrive à tout le monde ! …
Il sentit qu’il ne pourrait plus retenir plus longtemps les sanglots qui l’étouffaient…
L’étreinte se fit plus forte… Et les derniers remparts du blond sautèrent comme après un orage… Se tournant vers le brun, il enfouit son visage contre la peau douce et chaude qu’il commençait à bien connaître à force d’y dormir.
Il était un peu retourné, il avait vraiment du mal à reconnaître en cette pathétique et fragile créature, son équipier… Où était son rebelle et prétentieux partenaire de basket qui se battait et était incapable d’éprouver le plus petit intérêt pour autre chose que ce ballon de basket qui les avait réunis deux ans auparavant ? …
Il n’était plus qu’un petit animal tremblant et larmoyant… On l’aurait dit la proie d’un chasseur sans cœur et sans âme… Petite chose fragile et pitoyable…
Et il ne savait pas quoi faire de lui…
Il n’avait jamais été en contact avec quelqu’un d’aussi paradoxal…
Un masque de rebelle prétentieux, gosse de riche qui avait tout eu dans la vie était plaqué sur sa face de poulpe…
Et il découvrait un être au passé sombre et douloureux, qui n’avait, semble-t-il, pas eu tout ce qu’il voulait bien leur faire croire…
Lui qui avait toujours vu en lui, un sale gamin plein aux as qui faisait enrager «papa». Un adolescent rebelle qui n’en faisait qu’à sa tête… Se trouvait désormais devant un enfant qui aurait tiré des larmes à un crocodile…
Les grands yeux clairs qui lui avaient paru si pleins de rébellion et de défi… Etaient aujourd’hui hantés par des souvenirs qui semblaient le détruire de l’intérieur…
Peu à peu il sembla se calmer… Il sentit les spasmes qui secouaient son corps quelques minutes avant s’espacer avant de s’arrêter enfin…
Qu’est-ce qui s’était passé ?
Qu’est-ce qui pouvait terroriser un adolescent au point qu’il s’en oublie la nuit ?
Au point de lui faire perdre toute dignité ?
Toute fierté ?
Ces questions n’arrêtaient pas de le hanter… Il tournait et retournait des dizaines de scénarios différents… Mais aucun ne parvenait à expliquer un tel changement… Il avait l’impression d’avoir en face de lui un autre Hitonari Hiiragi…
Une nouvelle nuit s’écoula terriblement identique à toutes les précédentes… Cauchemar sur cauchemar… Il eut beau tenter par tous les moyens de se raisonner il n’y arrivait pas… Et le coup de téléphone qu’il venait de recevoir ne faisait qu’accroître son sentiment d’insécurité et de malaise…
S’il arrivait à tenir un masque impassible et indifférent la journée, faisant ainsi bonne figure face aux attaques incessantes d’Otani… Il en était tout autrement la nuit… Tout ressurgissait… Tel un monstre hybride et immortel qui était en train de le dévorer de l’intérieur…
Tachibana avait fait preuve d’une grande gentillesse avec lui… En privé, bien sûr pas en public… Mais les nuits où il refusait le sommeil, celui-ci lui offrait le réconfort de ses bras pour lui donner quelques heures de repos…
Seulement alors il acceptait de fermer les yeux, se laissant prendre par la fatigue et veillé par son équipier qui le réveillait avant que ses cauchemars ne l’étouffent, il s’endormait pour quelques heures…
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Il ne le supportait plus…
Il n’en pouvait plus de le voir dans cet état et de se sentir si impuissant…
Entendre ses sanglots chaque nuit alors qu’il essayait de les étouffer…
Le sentir trembler à chaque fois qu’il le prenait dans ses bras.
Ce n’était plus vivable…
Ca allait le détruire…
Il se tourna vers l’adolescent qui se tenait un peu à l’écart sous un arbre et profitait d’un peu de repos… Il s’isolait de plus en plus… Il fallait qu’il lui parle… Qu’il lui dise… Qu’il lui explique… Même s’il n’était pas sûr que cela ferait grand-chose…
Ce qu’il fallait faire …
C’était se séparer…
Parce que là, maintenant il ne pouvait rien pour lui…
Ils allaient se détruire mutuellement…
S’ils continuaient par là…
Il se passerait quelque chose qu’il n’était pas prêt à assumer…
-Salut.
-Salut.
-Faut que je te parle.
-…
Silence du côté du blond… Il s’y attendait. Cela faisait un moment qu’il sentait que ça finirait de toute façon par arriver…
-Je…
-Oui ?
-Je… J’te supporte plus… J’en ai marre de t’entendre chialer toutes les nuits… Je sais pas quel est ton problème… Et ça me regarde pas… Mais j’en ai ras le bol que tu m’empêches de dormir. Je suis pas ton doudou, ni ta mère… Si t’as envie de chialer va voir ton père… Parce que moi ça me gave ! Et puis si t’es pas foutu de te retenir la nuit fous des couches !
Il resta muet durant tout le monologue du brun… Il avait le sentiment que son cœur venait de se déchirer… Il avait tellement apprécié de ne pas être rejeté, qu’il ne s’était pas douté une seule seconde que son équipier pourrait le trouver « lourd » !
-Je… suis… désolé…
Les mots qu’il prononçait sortaient avec difficulté de sa bouche… Ils étaient coincés à l’intérieur de lui…
-Ouais… ben trouve-toi quelqu’un d’autre si t’es en manque de câlin parce que moi je suis pas homo !
Il en resta estomaqué… Il n’avait rien à lui opposer, il se sentait un peu dépassé…
-Et puis t’es bizarre, je trouve… T’as changé… T’es plus celui avec qui je voulais jouer au basket. Franchement te voir comme ça… C’est pitoyable… T’as pas honte ? … Tu fais vraiment pitié à voir…
Sur ce, il abandonna le blond toujours assis sous son arbre, pour rejoindre les autres… Il ne put bouger, les larmes envahissant ses yeux et menaçant à tout moment de déborder... Ses lèvres tremblaient et il battait des cils pour empêcher ses larmes de trahir la blessure que Tachibana venait d’ouvrir dans son cœur…
Une de plus parmi toutes celles qui saignaient encore… Dire qu’il pensait avoir enfin trouvé quelqu’un qui l’accepterait… Mais il fallait se rendre à l’évidence, même en tant que simple ami, il n’y avait personne qui voudrait de lui…
Il était et il resterait toujours une personne dont personne ne voulait…
Dont personne ne voudrait jamais…
Il enfouit son visage contre ses genoux pour cacher les larmes qui débordaient de ses yeux…
C’était vrai, il n’était qu’un sale pleurnichard…
Il faisait pitié, il était pitoyable et inutile…
Quoi qu’il fasse, il ne serait jamais une personne dont les gens seraient fiers de l’avoir parmi leurs amis ou leurs connaissances…
Il traîna dehors pratiquement tout l’après-midi et ne retourna au gymnase qu’à la fin de l’entraînement… Les entraîneurs étaient tous réunis et discutaient entre eux… C’est vrai cela faisait déjà deux semaines qu’ils étaient là et il y allait avoir une première sélection…
Il rejoignit les autres joueurs et son père vint annoncer le nom de ceux qui continuaient le stage…
«…
Naruse Takumi
Minowa Tetsuro
Inoue Takashi
Takaiwa Satoru
Harada Toru
Takayanagi Gaku
Tachibana Akane
Harumoto Akihito
Hiiragi Hitonari
… »
La liste leur sembla interminable mais lorsque leur nom était enfin mentionné ils se sentaient soulagés…
Mais ni Otani, ni Sano ni encore Hiramoto ne furent sélectionnés pour poursuivre le stage… Parmi eux il y eut des grincements de dents…
Les regards se tournèrent vers Hiiragi et la haine à l’état brut qu’il lut dans leurs yeux, ne le rassura guère…
-Toi, tu vas nous le payer… Tout ça c’est de ta faute !
-Ouais on va te faire comprendre que les types comme toi n’ont pas leur place dans un stage comme ça !
-Ouais si ton père n’était pas aussi connu et ton frère aussi tu serais pas là !
Coincés dans les vestiaires le blond ne pouvait pas leur échapper… Tous les autres avaient déjà regagné le réfectoire… Ils avaient réussi à le bloquer pour qu’il ne puisse pas partir avec les autres…
Les joueurs non-sélectionnés le passèrent à tabac et l’enfermèrent dans un vestiaire vide après lui avoir lié les poignets ensemble et avoir joué à taillader ses fringues…
Cela faisant ils avaient mis à jour quelque chose que le blond cachait…
-Quelle horreur !
-C’est monstrueux !
-Je vous l’avais dit qu’il était pas normal !
-Ah ! Ne le touchez pas c’est peut-être contagieux !
-T’es con toi !
-C’est bizarre… Beurk !
-C’est clair qu’y a pas une fille qui voudrait d’un mec comme ça…
-Parce que tu crois qu’un mec en voudrait ?
-Ah oui, c’est vrai qu’il est homo !
-Une sale petite pédale !
Les joueurs rejetés l’abandonnèrent défroqué et attaché dans son placard et partirent sans un regard en arrière en rigolant…
-Chier !
-Qu’est-ce qui t’arrive Tachibana ?
-J’ai oublié un truc au vestiaire…
-Un truc ?
-Ouais j’vais le chercher, j’reviens…
Tachibana sortit du réfectoire et se rendit directement dans le vestiaire… Il farfouillait dans celui-ci lorsqu’un bruit métallique lui fit dresser l’oreille… Il se dirigea vers lui et ouvrit un vestiaire fermé…
Pour y trouver un corps recroquevillé qu’il n’eut aucun mal à identifier…
-Mais… Qu’est-ce tu fous là ?
Le blond ne pouvait lui répondre, il était bâillonné… Ses mains étaient attachées et il les tenait coincées entre ses cuisses… Il avait le visage abîmé, des bleus un peu partout et les yeux grands ouverts de terreur…
Il tendit la main pour lui ôter son bâillon puis voulut le toucher mais fut reçu par un hurlement strident…
-Ne me touche pas ! … Va-t-en ! …Va-t-en !
La voix du blond montait crescendo…
Du coup, le brun se dit qu’il ferait mieux de le laisser et d’aller voir son père…
Il fila rapidement direction la salle de réunion et chopa l’entraîneur Hiiragi qui menait les débats…
-Faut que vous veniez y’a un problème…
-Tachibana, que fais-tu là ?
-Je veux vous parler en privé.
-Je n’ai pas de temps à t’accorder…
-A moi, non, mais à votre fils ?
L’entraîneur leva un sourcil…
-C’est pas une blague, vous devriez venir…
-Il est où ?
-Enfermé dans un vestiaire…
L’entraîneur attrapa l’adolescent par le bras et tous les deux se dirigèrent vers le vestiaire…
Il sortit doucement l’adolescent recroquevillé de son placard et le prit dans ses bras… Détachant les mains liées, et dénouant complètement le bâillon il libéra son fils qui gardait ses deux mains serrées entre ses cuisses…
L’entraîneur ôta sa veste et en recouvrit le corps tremblant et blessé…
-Va–t-en Tachibana…
-Hein ?
-Laisse-nous… Tu n’as pas besoin de rester ici…
-Mais…
-Tachibana… Tu avais pris Hitonari comme équipier n’est-ce pas ?
-Oui…
-Mais tu vois celui que tu connaissais n’était qu’une façade… Tu as rencontré Hitonari et tu es devenu son ami… Parce qu’il était aussi sauvage et imprévisible que toi… Mais maintenant… Maintenant que tu le vois comme ça… Fragile et sans défense… Est-il toujours important pour toi ? … Tu as aimé l’autre… Mais seras-tu capable d’aimer ses faiblesses et sa fragilité ? … Seras-tu capable de le soutenir et de l’aider à surmonter ses angoisses ?
Le brun ne répondit pas, son regard accroché au corps sans défense et au visage couvert de larmes qui balbutiait quelque chose qu’il ne comprenait pas…
-Nakosan… Nakosan…
-Oui ne t’inquiète pas tu vas y retourner… je crois que ce sera la meilleure chose à faire… Du moins pour l’instant…
L’entraîneur le souleva comme s’il s’agissait d’un tout petit enfant…
Tremblant, grelottant…
Le blond n’avait même plus conscience qu’il y avait quelqu’un d’autre que son père dans la pièce…
Il s’était accroché à son père… Et marmonnait sans arrêt ce seul et unique mot…
« Nakosan… »